The Mildew Children
Publié le 01/05/2024 Dans PlayStation 5
Entre sorcières et rituels inquiétants.
Développé par The Growing Stones et édité par Valkyrie Initiative, The Mildew Children est une aventure intrigante en 2D à défilement horizontal avec de fortes caractéristiques de roman visuel et la présence de quelques puzzles et QTE fugaces. The Mildew Children fait la part belle à l'intrigue et, plus encore, à l'atmosphère hautement inquiétante. En fait, le mot " glauque " sera certainement galvaudé dans cette critique, car il convient parfaitement aux thèmes et aux événements qui imprègnent pratiquement toute l'aventure du titre signé The Growing Stones. Mais procédons dans l'ordre et regardons de plus près le village par lequel nous allons commencer. La particularité qui apparaît au premier coup d'œil est que dans le monde de The Mildew Children, et en particulier dans notre village, il semble n'y avoir que des "enfants". Des jeunes, surtout des femmes, qui jouent des rôles bien particuliers. Nous sommes Kyrphel, une sorcière, et en notre compagnie se trouve une fille au visage angélique, un peu sale, qui brandit une faux. Un rappel flagrant de la mort. La mort va de pair avec The Mildew Children, s'insinuant à des moments tout simplement inattendus, et pourtant, là où l'utilisateur est déconcerté par certaines dynamiques de cette étrange communauté de très jeunes, cette communauté vit avec la mort. En fait, elle la recherche. The Mildew Children est une mosaïque de rituels, un cycle d'événements païens et mystérieux que nous allons décortiquer avec minutie.

Au milieu de substances au contenu douteux, de prières, de rassemblements sectaires et de rituels sacrificiels, le protagoniste évoluera fugitivement dans les ruelles rudimentaires d'un village de paille et de bois, vêtu d'habits à mi-chemin entre ceux d'un druide et d'un indigène américain. Sans le dire, The Mildew Children repose tellement sur les dialogues qu'on pourrait le comparer à un visual novel. Un visual novel fortement centré sur les relations avec les personnages de la tribu, chacun doté de multiples expressions " graphiques " et d'un caractère qui n'est qu'apparemment passif et stéréotypé. Il semble en effet que chaque individu, protagoniste compris, porte un masque émotionnel. Des succubes conscients d'un cycle forcé et apparemment insensé et brutal. L'intrigue de The Mildew Children se déroule sur 12 chapitres et est également très rejouable grâce au fait qu'elle change au fur et à mesure que nos choix changent. Des choix qui ne sont pas toujours faciles à prévoir, tout comme l'histoire elle-même n'est pas prévisible, avec son atmosphère mystique et "malade" qui est à la fois fascinante et joue le rôle de véritable moteur de toute l'histoire, comblant les lacunes ludiques du titre.

Un roman visuel interactif.
The Mildew Children oscille entre aventure 2D et visual novel. C'est d'ailleurs ce dernier aspect qui ressort le plus et avec une certaine lourdeur, même si, contrairement aux classiques qui peuplent le catalogue des congénères, l'œuvre analysée se veut plus interactive. Un élément, ce dernier, qui devient aussi le talon d'Achille le plus bruyant. Mais procédons dans l'ordre. Le côté aventureux est dû au fait que nous pouvons nous déplacer d'une zone à l'autre à l'aide d'une simple carte. Rappelons qu'il s'agit d'un titre en 2D à défilement horizontal, mais la profondeur vient de la possibilité d'accéder à certaines rues ou bâtiments (toujours marqués sur la carte). Où aller et quand, c'est toujours très clair et visible sur la dite carte, donc l'exploration en elle-même est très rudimentaire et peu attrayante. Le côté visual novel, le noyau dur de toute la production, est celui qui tente, comme prévu, d'innover et de se transformer en quelque chose de plus interactif... sans succès. Des dialogues passifs avec des choix à l'écran sont alternés avec des moments de type QTE qui sont insérés dans les dialogues eux-mêmes, compliquant la réalisation de la narration et sapant son rythme.

Traduit en termes ludiques, il n'est pas rare de se retrouver, lors d'une conversation avec quelqu'un ou au milieu des pensées du protagoniste, à devoir jauger la respiration de ce dernier en gardant une balle au centre d'une barre et en résistant aux diverses secousses émotionnelles qui nous pousseront brusquement d'un côté à l'autre de la barre avec le risque potentiel de game over si nous ne parvenons pas à ramener la balle au centre de la barre. Garder un œil sur le bar pendant que nous poursuivons le dialogue nous déconcentre et nous met mal à l'aise. Les textes, également en anglais, ne sont pas très simples et on se retrouve souvent au milieu d'un rituel ou d'une prière que, bien entendu, on ne pourra pas suivre facilement et que l'on sera obligé de retrouver une fois le QTE passé. Un autre exemple de QTE fréquent est un mini-jeu de type jeu de rythme où des points devront être interceptés dans une certaine zone nécessitant d'appuyer sur un bouton. Un autre événement qui se met en travers du flux de mots, nous éloignant des événements pour nous concentrer sur ce mini-aspect ludique qui, au lieu d'être interactif et engageant, se heurte et brise le rythme et l'atmosphère.

Une réalisation à la hauteur ?
Graphiquement, The Mildew Children n'est pas révolutionnaire, mais il se défend assez bien. Ceci est principalement dû au rendu esthétique des personnages et de leurs expressions. Celles-ci sont très soignées et évoluent au gré des événements et des situations. L'impassibilité générale laisse ainsi place à des grimaces de souffrance, de légers hochements de tête d'étonnement et des sourires timides et étirés, en parfaite adéquation avec l'atmosphère générale du titre. Les décors, quant à eux, s'ils sont plutôt soignés, restent un peu anonymes, à l'exception de quelques totems macabres et structures rituelles qui rappellent à quel point The Mildew Children peut être dérangeant. Le son se défend bien et parvient à nous accompagner tout au long de l'aventure sans jamais être ennuyeux ou oppressant. Dommage, cependant, que la langue française soit absente. Cette absence devient encore plus pesante à cause des QTE déjà évoqués et du type de langage qui n'est pas des plus simples. Finalement, The Mildew Children se défend bien sur PS5, même si l'aspect portable est sans doute mieux adapté à ce type de jeu qui s'apparente à un roman interactif.

VERDICT
The Mildew Children s'impose par son atmosphère inquiétante et un système de vie "autre" fait de rituels et de prières qui vous captiveront et vous entraîneront jusqu'à la fin. Une bonne rejouabilité et un casting qui n'est qu'en apparence apathique et lent, enrichissent un titre fortement identifiable mais plombé par des choix de jeu discutables. Les QTE en même temps que le défilement des textes n'ont pas réussi à nous séduire, s'avérant plus gênants que divertissants. Dommage que l'absence de la langue française risque d'éloigner plusieurs utilisateurs d'une histoire qui, somme toute, mérite d'être vécue.

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