Titre: Test de Photoshop CS5 (23/08/2010 Par Clandestino)
Introduction
Chaque nouvelle version de Photoshop nous apporte son lot de nouveautés et d'innovations. La dernière en date, CS5, se profile comme la version de la maturité. Après un CS3 parfois décevant en termes de fonctionnalités et un CS4 plus abouti mais entaché de ralentissements incompréhensibles et d'une gestion mémoire parfois calamiteuse, il est temps de nous pencher en détail sur ce qu'Adobe nous offre dans la dernière mouture de son logiciel-phare.

Tout comme dans sa précédente itération, Photoshop CS5 se décline en deux versions : la version "classique" baptisée (logiquement) "Photoshop CS5", et une version "Extended" dotée de fonctionnalités 3D plus évoluées, qui intéressera principalement les professionnels de l'animation et de l'imagerie médicale. Une des nouveautés les plus marquantes est le passage en 64 bits, ce qui permet de multiplier par 10 la vitesse de traitement sur certaines opérations complexes. Dans la pratique, Photoshop CS5 s'avère effectivement plus rapide pour le travail sur de très gros fichiers, mais les gains réels du mode 64 bits sont plus discrets, bien qu'indéniablement présents.

Interface : circulez, y'a rien (de nouveau) à voir !

Au niveau de l'interface, peu de changements (on ne change pas une formule qui gagne, diront certains). L'aménagement le plus notable est l'apparition du mini-bridge, qui procure un accès immédiat et simplifié à tous les fonctions du Bridge dans Photoshop même, dispensant des allers-retours incessants au Bridge des anciennes versions (Bridge toujours disponible pour les nostalgiques, bien entendu, et qui de toute manière restera ouvert en arrière-plan pour que le mini-bridge puisse fonctionner).

La retouche intelligente

C'est certainement la nouveauté la plus "visible" de cette nouvelle version, même si dans la pratique son efficacité n'est pas toujours à la hauteur des multiples vidéos de démonstration que l'on trouve sur le web. Elle fonctionne de plusieurs manières : soit via le correcteur, où il suffit de passer l’outil sur le détail à supprimer et Photoshop s’occupe de reconstituer l’arrière-plan (avec la possibilité d'agir sur un calque pour affiner plus facilement la modification par la suite), soit via le lasso, en sélectionnant la zone à retirer et en laissant Photoshop remplir la zone sélectionnée avec une composition élaborée à partir de détails périphériques à la sélection. Dans un cas comme dans l'autre, le résultat n’est pas aussi magique que ce qu'on a pu voir dans les démos précitées, et le procédé ne fonctionne pas à tous les coups. Il y a aura souvent des résultats à retravailler, mais cet outil fera souvent une grande partie du travail. Avec l’expérience, on comprendra vite dans quelles situations ce type de retouche est d'application, mais ce qui est certain, c'est que l'incroyable facilité induite risque encore plus de favoriser le traficotage d'image en tout genre dans une presse de plus en plus à la recherche de sensationnalisme et d'information sur mesure...

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Fonctionnalités
Dis-moi qui tu détoures, je te dirai qui tu es

Photoshop a toujours été l'outil de prédilection des professionnels grâce à la puissance de ses outils de sélection et de retouche. Avec CS5, on peut dire sans se tromper qu'Adobe met dans les mains de tout un chacun des outils d'une puissance impressionnante, tel l'"Intelligent Selection Technology" qui, à l'instar du nouvel outil de retouche intelligente, bénéficie d'une adaptabilité qui analyse le sujet à détourer et apprécie le degré de complexité des contours pour isoler avec une précision inégalée ce qui aurait auparavant requis l'utilisation de masques complexes. Fonctionnant sur le même principe que l'outil "améliorer le contour" de CS4, mais offrant pléthore de nouvelles options telles que le rayon dynamique, l'adoucissement des bords ou la décontamination des couleurs, cette option fera gagner un temps précieux aux infographistes et s'avèrera une bénédiction pour tous ceux qui ont déjà passé de longues heures à détourer les cheveux d'un modèle.

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(Puppet) Warp speed, Mr. Sulu !

Hérité d’After Effects, le nouvel outil "Puppet Warp" est de nature à intéresser les animateurs. À condition d’avoir un élément isolé sur un calque, Photoshop est à même de lui ajouter des articulations afin de le déformer selon une ossature invisible. Dès lors, le changement posture d’un personnage est aussi aisé à opérer que la rectification de perspective d’un monument. En pratique, basé sur le principe du "bone mapping", l'outil permet de créer des points d'ancrage autour desquels on étire, incline, allonge ou affine les éléments des photos ou des illustrations. C'est un mélange du filtre fluidité et de la modification de la taille basée sur le contenu que nous connaissions dans CS4. On commence par positionner des points pour délimiter les endroits à fixer, puis on manipule les contrôleurs qui servent ensuite à indiquer les parties de l'image à déformer.

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Mais c'est une aberration !

Adobe a pensé aux photographes et offre désormais un module dédié à la correction des défauts et aberrations optiques. Au menu : distorsion, vignettage et aberrations chromatiques. Autre outil intéressant : le "Lens Profile Creator" qui, à partir de la photo d'une mire prédéfinie, permettra de créer ses propres profils de contrôle. La procédure initiale est un rien fastidieuse, car elle oblige de photographier la mire à toutes les ouvertures (pour indiquer les différents niveaux de correction à appliquer sur le vignettage et les aberrations chromatiques) et au maximum de longueurs de focale différentes, pour la distorsion et les zooms. L'outil s'adresse autant aux possesseurs de compacts qu'aux amateurs éclairés ou professionnels privilégiant l'utilisation de SLR.

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Fonctionnalités (Suite)
Hache-Dé-Air ?

Les passionnés de photo vont également priser les nouvelles facultés de traitement HDR (High Dynamic Range). Le principe est de combiner plusieurs clichés d’une même scène avec différents degrés d’exposition afin de combler la dernière lacune de la photo numérique en regard de l’argentique, à savoir sa difficulté de s’adapter aux contrastes violents. En HDR, on atteint ainsi un codage des couleurs sur 16 ou 32 bits encore hors de portée des boîtiers réflex d’aujourd’hui. Certes, Photoshop dispose d’un traitement HDR depuis la CS2, mais ce n’est qu’aujourd’hui qu’il atteint le niveau des ténors du genre. CS5 offre bien plus d'options, de contrôles et de modes de rendu, permettant une gestion très fine des contrastes et des tons. Eviter les zones brûlées (les portes et fenêtres) dans les photos d'intérieur devient un jeu d'enfant. Et avec l'option "deghost", le logiciel détectera et traitera même les éléments d'une photo qui se seraient déplacés entre deux prises de vue.

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Would you like your Camera RAW... or bloody?

Camera Raw 6 embarque un nouveau moteur de traitement (dont bénéficient également les utilisateurs de Lightroom), qui digère sans sourciller les fichiers bruts de 275 types d'appareils. Ce nouveau moteur améliore le traitement du bruit de manière significative, sans atteindre cependant les raffinements d'un DxO Optics Pro. S'ouvrant également au JPEG et au TIFF en plus du RAW, Camera Raw offre un contrôle plus poussé sur l'application d'un vignettage après recadrage, et permet également de simuler un rendu plus "argentique" par ajout de grain.

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Conclusion
Et en guise de dessert...

Photoshop CS5 apporte également quelques autres nouveautés moins spectaculaires, mais tout aussi appréciables : de nouvelles brosses imitant les outils des peintres avec taille de poils, dureté ou densité réglables, et la possibilité d'appliquer plusieurs couleurs à la fois ; l’accès à la palette des couleurs directement sur l’image avec une combinaison clavier ; la transformation de texte et de profils simples en 3D en quelques clics, avec des fonctions basiques de déformation, d'extrusion et de rotation, via un petit modeleur intitulé "Repoussé" ; la création facilitée de panoramas à partir de plusieurs photos, avec détection automatique des raccords et optimisation des couleurs (avec ou sans utilisation de l'HDR) ; ou encore l'apparition d'un outil de création de palettes harmonisées, hérité de Kuler.

S'il est certain qu'au quotidien bien peu d'utilisateurs se serviront de tous ces outils, il n'en reste pas moins qu'Adobe, au fil des versions, étoffe de plus en plus son logiciel-phare pour répondre aux besoins les plus divers et favoriser les utilisations les plus variées. On ne peut que saluer l'effort, et constater qu'une fois de plus, à défaut de vraie révolution, Photoshop se rapproche encore - si tant est que cela soit possible - de la perfection !
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