Titre: Test d'Adobe Photoshop CS4 Extended (21/04/2009 Par Clandestino)
Introduction
Année après année, Adobe peaufine ses outils logiciels. Utilisés par la quasi-totalité des créatifs de la planète, les applications de l'éditeur se sont taillé une place de choix dans un segment où ils règnent en maîtres absolus. En effet, tout graphiste qui se respecte a au moins, une fois dans sa carrière, touché à l'hégémonique Photoshop.
Aujourd'hui, nous avons choisi de nous pencher sur la dernière mouture de cet incontournable logiciel graphique. Comparativement aux plannings des autres releases, cette nouvelle version CS4 est sortie peu de temps après la CS3. Hasard, volonté de contrecarrer la montée en puissance des solutions alternatives ou aveu à demi-mot de la fadeur et de la faiblesse d'une version CS3 qui ne restera pas dans les mémoires ? C'est ce que nous allons voir dans notre test.

Installation

Faisons un premier tour du propriétaire. La procédure d'installation réussit à être encore plus longue qu'auparavant : il s'écoulera plus d'une demi-heure entre l'insertion du DVD dans votre lecteur et le moment où vous pourrez lancer le logiciel. Et outre Photoshop proprement dit, l'installation va placer sur votre bureau un paquet d'applications annexes : Device Central, Extension Manager, Bridge, Drive, le runtime AIR et un media player (nous verrons plus loin ce que sont tous ces utilitaires additionnels).

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Nouveautés
Lors du premier lancement, ce qui frappe avant tout, ce sont les modifications de l'interface utilisateur. Celle-ci, suivant une évolution bienvenue entamée avec la première version de la gamme CS, poursuit sa maturation au gré des déclinaisons du logiciel pour atteindre une facilité d'emploi et une ergonomie de mieux en mieux maîtrisée.

Comme à chaque nouvelle version, les développeurs d'Adobe ont apporté des améliorations subtiles à l'interface, dont le design est calqué de toute évidence sur celui de la version Apple. On remarquera principalement l'intégration du support OpenGL, censé apporter un peu de vie et un gain de performance en délestant une partie de la charge au GPU. Concrètement, cela se traduit par des transitions animées lors des zooms et des translations, mais comme nous le verrons plus loin, il reste du chemin avant d'arriver à un bénéfice réellement novateur.

Toujours dans l'optique d'une prise en main facilitée, les principales commandes de manipulation des documents ont été rassemblées dans une petite barre d'outils accessible en un simple clic. En outre, l'entièreté de l'écran est désormais dévolue à l'application, qui s'affranchit dès lors de la traditionnelle barre de titre de fenêtre sous Windows (ce qui peut dérouter au premier abord, mais s'avère rapidement d'un confort redoutable). Le logiciel se dote également d'une organisation des documents sous formes d'onglets, à l'instar d'un Excel ou d'un Firefox.

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L'innovation majeure : La 3D
L'innovation majeure dans cette nouvelle version est sans conteste le support natif de la 3D. Attention, on n'est pas ici dans un modeleur ou un logiciel de rendu, non. Pour cela, il restera nécessaire d'utiliser des plateformes de production 3D dédiées, comme SoftImage, Maya ou 3DMax. Par contre, on constate une évolution des “expérimentations ”entamées dans la version précédente, et l'on dispose enfin d'outils de manipulation et d'intégration d'objets dans un environnement mixte 2D/3D. Outils efficaces, à défaut d'être ergonomiques...

Concrètement, ces nouvelles fonctions se traduisent par l'apparition d'un menu dédié. Par le biais des options que l'on y trouvera, on pourra aisément importer un modèle existant (aux formats 3D Studio, Wavefront, Collada ou encore Google Earth), convertir une image en plan manipulable dans l'espace, ou encore peindre un modèle tridimensionnel en utilisant l'entièreté des puissants outils de Photoshop.

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Pratiquement, il est possible de réaliser un grand nombre de choses avec ces nouvelles fonctionnalités. En réalité, c'est hélas tout autre chose… Bien sûr, pouvoir peindre directement sur un objet 3D en isolant une à une les textures et les canaux créés par une application 3D est un vrai bonheur. Bien sûr, pouvoir créer des incrustations UV et extruder des formes simples à partir du contenu d'un calque sans devoir jongler entre plusieurs applications apporte une énorme facilité. Mais cela se paie par une interface brouillonne, par des performances faiblardes, par une lourdeur générale vraiment handicapante dès lors qu'on travaille sur des objets un tant soit peu complexes, et enfin par une qualité de rendu à des années-lumière des possibilités offertes par les logiciels spécialisés. Dommage. Ceci dit, l'utilisation en couple de Photoshop et d'un modeleur offre tout de même d'énormes possibilités en matière de peinture 3D et d'édition directe des textures.
Autres améliorations
Toujours au menu de la rénovation de l‘interface, on retrouve désormais tous les calques de réglages réunis dans une seule palette où les paramétrages s’effectuent sans qu'il soit nécessaire de recourir aux fastidieuses boîtes de dialogues. La présentation succincte sous forme d'icônes pourra dérouter, mais à l'usage s'avèrera bien pratique. On appréciera les nouvelles fonctionnalités sur les courbes de “luminosité/contraste” ou encore de “teinte/saturation”, et l'apparition du paramètre “vibrance”, qui autorise un affinement sélectif de la saturation. Un autre nouveau panneau, dédié aux masques, permet le paramétrage instantané d’un contour progressif ou de l’opacité, ainsi qu’un lien direct vers d’autres outils d’affinage. Enfin, les outils “densité” et “éponge” voient leur fonctionnement amélioré, et respectent désormais les tons de l'image en offrant une alternative intéressante à l'ajustement de tons.

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Une autre nouvelle fonction très intéressante est la mise à l'échelle en respectant le contenu d'une image. Cette fonction utilise une technique astucieuse pour permettre à l'utilisateur de redimensionner une image tout en conservant intact l'une ou l'autre partie qu'il suffira de sélectionner et marquer au préalable. Très pratique, par exemple, pour conserver un sujet dans une photo où certains détails de l'arrière-plan peuvent être sacrifiés.

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Restent deux innovations bienvenues. La première se rapporte à une optimisation du module HDR, qui accepte désormais les images au format JPEG. La seconde concerne un outil de fusion revu et corrigé, qui permet de mélanger plusieurs clichés de la même scène, mais pris sous des angles et selon des positions différentes, afin d'obtenir une image d'une netteté optimale.
Les applications tierces
Autour de Photoshop gravitent quelques applications destinées à faciliter la vie (et le travail) du graphiste. Tout d'abord, le catalogueur Bridge qui suit l'évolution et passe également en version CS4, bien que les changements soient d'ordre plus technique que cosmétique. On retrouvera essentiellement quelques nouvelles fonctions de présentation et de catalogage, mais dans notre cas nous préfèrerons confier la gestion de nos images à LightRoom.

Le runtime Adobe AIR, exclusif à l'éditeur, constitue un environnement de développement vous permettant de créer de petites applications interactives et connectées qui consistent en un mix d'HTML, de CSS, de javascript, de Flash et supportant les bases de données au format SQLite.

Ensuite, on trouve Adobe Drive, un utilitaire vous permettant de vous connecter aux serveurs Version Cue de l'éditeur. Pour rappel, Version Cue CS4 est une solution serveur de gestion des fichiers incluse dans l'édition “Creative Suite CS4” d'Adobe, et qui offre la possibilité de travailler en groupe sur des mêmes documents, grâce à un système avancé de gestion des versions. Bien entendu, pour le graphiste travaillant en solo, cet utilitaire se révèlera totalement superflu.

Enfin, Adobe Extension Manager CS4 se chargera de mettre de l'ordre dans vos extensions et vos plugins pour Photoshop et Bridge, alors que Device Central facilitera la création et la maintenance de contenus à destination des terminaux nomades, tels des PDAs ou des téléphones mobiles.

Et pour finir, on citera de manière anecdotique le media player, auquel on préfèrera sans nul doute un VLC ou un Media Player Classic, bien plus souple et efficace.
64 Bits
Sous Vista 64 et XP 64, le graphiste pourra bénéficier d'une application native 64-bits. Ceci dit, on ne profitera réellement de cette implémentation que si l’on manipule de très gros fichiers, autour de 1 Go et plus. Même pour qui dispose d’un reflex débitant plus de 20 millions de pixels à l'image, on reste encore éloigné de ces tailles critiques. Mais pour les photographes pros et les studios graphiques opérant sur de très grands formats (style affichage urbain, panoramique…), sans doute pour la première fois dans l’histoire de Photoshop, il y a un avantage certain à travailler sous un système griffé Microsoft. Certain ? Oui, parce que cette fois-ci, la main passe à Windows, la version mac de CS4 étant dépourvue du support du mode 64-bits (selon Adobe, la faute en incomberait à des choix techniques propre à Apple).

Vitesse

Pour qui a travaillé avec Photoshop CS3, un détail fâcheux frappe d'emblée : à configuration égale, CS4 est plus lent que CS3. Nous avons réalisé notre test sur une configuration considérée comme “performante” (CPU quad-core à 2,4Ghz, Vista 64, 4GB RAM, Radeon HD4850). Le constat s'impose néanmoins : à certains moments, CS4 est si lent que même les outils de sélection en deviennent inutilisables. Il est possible de grappiller quelques pourcents d'occupation CPU en désactivant l'utilisation de l'OpenGL, mais persistent tout de même de petites latences occasionnelles très désagréables qui n'existaient pas avec la version précédente. Adobe nous avait promis une révolution en termes de performance grâce à l'utilisation de la puissance du GPU, or force est de constater que même en utilisant une carte graphique compatible avec les derniers drivers disponibles, la dernière mouture du logiciel-phare d'Adobe est généralement plus lente que ses prédécesseurs.

En outre, Photoshop possède plus que jamais une tendance irrépressible à écrire pratiquement en permanence des données sur les disques, ce qui se ressent nettement sur les performances. Avec les versions 64-bits, on était en droit d’espérer que cela soit moins le cas. Il n’en est hélas rien pour le moment. Espérons que l'éditeur corrige le tir dans une mise à jour future.
Conclusion
Alors, Photoshop CS4… Révolution ou évolution ? Evolution, sans nul doute. L'intégration de la 3D, du support OpenGL, les quelques nouveautés, ou encore le nettoyage cosmétique de l'interface ne sauraient cacher la stagnation des outils "classiques". D'aucuns argueront qu'en 20 ans de domination du marché, Adobe a eu tout le temps de parfaire lesdits outils, mais nous trouvons que la gestion mémoire toujours aussi laborieuse aurait à elle seule mérité que les développeurs y consacrent davantage de temps. De même, les nombreuses petites innovations semblent trop souvent inabouties, ou pas assez optimisées. Nul doute qu'une prochaine mise à jour corrige les principaux défauts de jeunesse de cette nouvelle mouture, mais à 1.500€ la licence, on aurait apprécié un peu plus de "finition". Il n'en reste pas moins qu'Adobe confirme année après année son monopole sur le marché des solutions graphiques avec un logiciel qui ne cesse de tendre vers la perfection… Sauf que la perfection ne sera pas pour cette version-ci !
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