La piscine était peut-être super bien chauffée, mais côté ventilation, il y avait beaucoup à redire. Quelle purée de pois, toute cette vapeur autour de nous ! A peine si on s’apercevait encore les uns les autres. Il fallait vraiment qu’on trouve une issue. D’abord parce qu’à force de mariner dans cette moiteur suffocante, on commençait à perdre de notre tonus. Et puis ensuite parce qu’il fallait se rendre à l’évidence : les filles du Sacré-Coeur de Fosses-la-Ville ne viendraient plus. D’ailleurs, même si elles se pointaient, comme on n’arrivait pas à sortir, on pouvait raisonnablement supposer qu’elles ne pourraient pas entrer.
Et puis cette histoire sentait le coup monté à plein nez. D’accord qu’on n’est jamais assez prudent, et le gars disait qu’il ne voulait prendre aucun risque pour l’ouverture de son établissement. N’empêche, c’était un peu naïf de notre part de croire qu’il avait besoin d’embaucher autant de maîtres-nageurs pour surveiller une classe de filles qui disputaient quand même le championnat interscolaire de natation synchronisée pour la troisième année consécutive. On s’était fait avoir.
Cette andouille de Ryan a suggéré qu’on mette le feu pour que les pompiers viennent nous sortir de là. On a beau savoir qu’il a l’esprit un peu moins vif que la vessie, il arrive toujours à nous surprendre, lui. Mais on n’avait pas le coeur à rigoler et personne n’a relevé.
Comme d’habitude, j’allais devoir prendre les choses en main.
(à suivre)