L’année dernière, HTC nous avait séduits avec son Touch HD, un modèle particulièrement attractif doté d'un grand écran tactile de 3,8 pouces, d'une résolution WVGA, d'un processeur véloce à 528Mhz, d'une mémoire embarquée de 512MB et d'excellentes capacités communicantes. Pour beaucoup, le vrai tueur de l'iPhone était arrivé. Mais dans les faits, il restait encore quelques points a améliorer : l'ergonomie de Windows Mobile, même caché par l'interface utilisateur TouchFlo3D du constructeur, manquait cruellement de répondant face au téléphone à la pomme. Et malgré tous ses atouts, le HD peinait à convaincre face à l'appareil d'Apple.



Afin de continuer sur sa lancée et de capitaliser sur l'acquis, HTC vient de dévoiler le successeur du Touch HD, fort logiquement baptisé Touch HD2 (pour l'originalité, on repassera...). Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le taïwanais a mis le paquet ! Mais cela suffira-t-il pour détrôner le roi iPhone et écarter du trône le prétendant Android, ce petit cousin dont la récente arrivée semble avoir déjà redistribué les cartes d'un jeu déjà bien emmêlé ?



Habillé d'une sobre robe noire, l'appareil est imposant (120,5 x 67 mm) mais fin (11 mm). Son poids (157g) et ses dimensions assurent une prise en main confortable, mais il ne rentrera pas dans toutes les poches. Au contraire de son aîné, le Touch HD, il a abandonné les commandes tactiles pour des boutons physiques, plus pratiques. Technologiquement, le Touch HD2 se veut être le top du moment, le summum de la technique actuelle. Tout d'abord, par son écran géant de 4,3 pouces (10,9 cm) recouvert d'une dalle de verre, qui fait – en dimension et en finesse – jeu égal avec nombre de PMP (Personal Media Player). La résolution d’écran est toujours de 800 x 480 pixels (norme WVGA) mais l’écran tactile a troqué la technologie résistive pour la capacitive, comme sur – Ô surprise – l'iPhone et bon nombre de smartphones Android – même s'il s'agit là d'une première pour un smartphone Windows Mobile !

En outre, HTC a introduit la gestion multi-touch sur son dernier bébé. Encore une première, surtout que Windows Mobile 6.5 ne gère pas le multipoint en natif. La preuve en est que seule une poignée d'applications saura tirer parti de cette capacité à l'heure actuelle.



Sous le capot, le HD2 embarque un processeur Qualcomm SnapDragon QSD8250 cadencé à 1Ghz. Même sans faire de parallèle hasardeux, force est quand même de constater qu'on atteint quasi la puissance brute d'une puce de type Pentium III. C'est à se demander si ça ne commence pas à faire un peu beaucoup pour un simple téléphone. Surtout que, comme on le verra, cette débauche de puissance n'est pas exploitée de manière homogène par l'engin.



Au niveau de l'équipement, on trouvera un appareil photo (5 megapixels, autofocus, avec flash LED), une puce A-GPS, une boussole numérique, un accéléromètre, le wifi (toujours pas compatible Wifi-N, hélas), un emplacement MicroSDHC (capacité maximale supportée : 32GB), une radio FM avec RDS, le bluetooth 2.1 EDR, le tout épaulé par 488MB de RAM et 512MB de ROM, et alimenté par une batterie Li-Ion amovible de 1230mAh. Ce dernier chiffre peut paraître faible en regard des spécifications, mais le processeur SnapDragon étant particulièrement économe, ceci compense cela. En pratique, cela se traduit par une autonomie de plus de 6h en parole et près de 500h en veille. A noter, enfin, que le traditionnel port mini-USB se voit ici remplacé par un port micro-USB, celui-ci constituant le nouveau standard de connexion et d'alimentation sur les smartphones du constructeur taïwanais.

Côté logiciel, Le HD2 est un Windows Phone, et il utilise donc le système d’exploitation Microsoft Windows Mobile 6.5 complété par la surcouche maison, Sense. Cette interface, inaugurée sur les modèles Android de la gamme, se voit ici gratifiée d'une heureuse implémentation. Pour être tout à fait honnête, on conviendra qu'il s'agit en pratique d'une évolution de TouchFlo 3D, que le constructeur avait développé pour les précédents smartphones. On y retrouve par ailleurs, quasi inchangés, les écrans "photo / video" et "musique". Les autres modules se voient améliorés et peaufinés, à l'exemple de l'écran d'accueil qui désormais héberge les raccourcis des applications les plus utilisées, ou du répertoire de contact bien plus utilisable que son prédécesseur. Influence des réseaux sociaux oblige, on trouvera également un client facebook et un module twitter. De manière générale, l'intégration avec Windows Mobile a été poussée jusqu'à un point extrême, et il faut vraiment plonger loin dans les entrailles du logiciel pour retrouver la tristement célèbre interface du système d'exploitation lui-même.





Mais là où le bât blesse, c'est au niveau des performances. Même si le modèle que nous avons eu entre les mains n'était pas encore un modèle de série, force est de constater que l'optimisation n'est pas toujours au rendez-vous, et l'on se demande, en tout légitimité, où sont passés les centaines de Mhz rajoutés au processeur... Les animations ne sont pas toujours fluides, les transitions sont souvent brutales, on a l'impression – tangible – que la machine peine à suivre par moment, alors que tant la puissance brute que la capacité mémoire pouvaient augurer de bien meilleurs résultats. Même son de cloche du côté de l'écran capacitif, dont les réglages par défaut nous ont semblés bien étranges, tant imprécise était la détection de nos gros doigts boudinés. Au contraire du Hero ou de l'iPhone, où un simple effleurement suffit, il nous a fallu souvent appuyer et insister pour obtenir une réaction. De fait, l'utilisation du clavier virtuel s'en trouve pénalisée, et ce malgré la surface d'affichage plus large. Bien entendu, écran capacitif signifie absence de stylet, et c'est d'autant plus dommage qu'à certains moments ce sacré stylet nous aurait été bien utile !



Maintenant, soyons francs : tout n'est pas noir dans cette nouvelle déclinaison du HD. La bête en impose, et la qualité des logiciels intégrés est plus que largement suffisante pour une utilisation professionnelle. La puce GPS fait correctement son travail, même si elle souffre toujours d'un lag d'une vingtaine de mètres à 100 km/h, malgré le fait qu'aucune application de navigation digne de ce nom ne soit fournie en standard (si ce n'est CoPilot en version d'essai). La boussole est bien pratique, même si aucune application n'en tire réellement profit (pas encore d'équivalent à Layar sur Windows mobile...). L'écran est magnifique, et passé le cap – obligatoire – du réencodage (pas de support natif du DivX, dommage), il surpassera sans problème l'iPod Touch comme PMP.

Sur le papier, le Touch HD2 nous avait beaucoup séduit. Ayant d'ailleurs utilisé un Touch HD pendant près d'un an, nous étions impatients si la révolution promise était effective. Au final, c'est avec un sentiment mitigé que nous refermons ce test.

Alors qu'HTC avait pris le temps de développer le Hero pour en faire le modèle le plus abouti de la plateforme Android, nous avons l'impression que le HD2 a été un peu "bâclé". Oui, c'est un magnifique appareil. Oui, il satisfera les plus exigeants utilisateurs. Mais il reste toujours cette impression indéfinissable, cette pointe de regret, de constater que l'innovation technologique reste trop souvent subordonnée au positionnement marketing. Certains choix discutables, certaines technologies – pour l'instant – sous-exploitées, allant de pair avec le raccourcissement accru des cycles de refresh de la gamme Windows Phone, démontrent que trop de diversification ne rime pas toujours avec excellence des produits. Alors, le HTC Touch HD2, un bon choix ? Oui, sans aucun doute, surtout que son prix (recommandé) de 599€ le positionne favorablement face à ses concurrents. Mais il lui manque cette petite étincelle, ce petit je-ne-sais-quoi qui en aurait fait, à l'instar du Hero ou de l'iPhone – auquel on ne manquera pas de le comparer – un vrai produit innovant.