Titre: Tracer et certifier l’origine de son diamant grâce à la blockchain (29/04/2022 Par Kenneth De Kegel)
Du film Blood Diamond, où Leonardo di Caprio jouait les mercenaires et trafiquant de pierres précieuses, au conflit russo-ukrainien, l’approvisionnement et l’origine des diamants posent toujours question.

À force de changer de mains, de la mine au détaillant, il n’est pas toujours possible de garantir la provenance des pierres. Ni de jurer que les bénéfices tirés du commerce (illicite) de diamants bruts n’ont pas servi à financer des conflits armés.

Face à ce constat, la marque de joaillerie belge Beldiamond, spécialisée dans les bagues de fiançailles contemporaines, a voulu aller un pas plus loin que le Processus de Kimberley (KPC). Pour rappel, ce système permet de certifier que les diamants bruts exportés par un pays signataire sont « libres de conflit ». Mais il est critiqué par certains acteurs de la société civile, comme Amnesty International, car il ne dispose pas toujours de dispositifs de contrôle internes efficaces.

Pour garantir un approvisionnement en diamants plus transparent et responsable à ses clients, Beldiamond a récemment signé un partenariat avec la société Everledger, experte dans la transparence numérique. Grâce à la technologie blockchain, elle permet d'enregistrer les données d'un actif de manière sûre et immuable, comme un diamant, une œuvre d'art ou une bonne bouteille de vin.

Une première belge

D’autres maisons de joaillerie, connues aux Etats-Unis, font déjà confiance à l’entreprise australienne Everledger. Mais Beldiamond est la première maison de joaillerie belge à vouloir offrir une telle traçabilité à ses clients.

“Nous voulons proposer des diamants qui répondent à des normes plus strictes en matière d'approvisionnement éthique. Grâce à Everledger, nous pouvons savoir exactement l'origine d'un diamant ainsi que son cheminement de la mine jusqu'au détaillant”, expliquent Philippe Lipschutz et Timour el Gammal, les deux fondateurs de Beldiamond. “La jeune génération s’interroge de plus en plus sur ce sujet éthique. Elle ne souhaite pas qu’une pierre ait fait trois fois le tour du monde avant d’arriver jusqu’à elle. Elle est également désireuse de ne pas alimenter des pays jugés dictatoriaux ou des filières opaques, où les droits humains n’existent pas.”

Une demande légitime, quand on sait qu’en 2021, le quartier des diamantaires d’Anvers a importé pour environ 1,8 milliard de dollars de diamants bruts de Russie, via l’entreprise Alrosa, détenue à hauteur de 33% par l'État russe. De quoi représenter 25 % de l'ensemble des diamants importés à Anvers, selon Tom Neys, le porte-parole de l'Antwerp World Diamond Centre (AWDC). Dès le début du conflit russo-ukrainien, Beldiamond a d’ailleurs cessé de s’approvisionner via ce pays.

L’IA, de la mine au détaillant

La technologie d'Everledger permet d'enregistrer et de vérifier tous les documents relatifs au diamant. Ces vérifications peuvent inclure la facture de la mine, les détails du certificat du Processus de Kimberley, les factures d'entrée, les bordereaux de transport aérien, les factures des fournisseurs et les certificats de laboratoire, pour n'en citer que quelques-uns.

Everledger utilise des technologies d'intelligence artificielle (IA), comme la reconnaissance optique de caractères (OCR), pour trianguler tous les documents et vérifier les déclarations fournies. Ce n'est qu'une fois que toutes ces vérifications sont effectuées avec succès, que les informations sont ensuite transférées dans une base de données, puis automatiquement inscrites sur la blockchain, sans plus jamais pouvoir être modifiées.

Un nouvel enregistrement est créé chaque fois que le diamant change de main, est taillé ou traverse une frontière. Tous les documents et les photos liés à l'événement sont à nouveau vérifiés et téléchargés pour former le bloc suivant de la chaîne du diamant.

“C’est cette base de données que nous pouvons consulter, pour trouver des pierres totalement éthiques. La technologie blockchain d'Everledger nous permet de localiser l'endroit où le diamant a été extrait et de retracer ses étapes tout au long du processus de taille et de polissage. Sans jamais que les informations relatives à une pierre ne soient perdues, copiées de manière incorrecte ou parfois même corrompues.”

Les prémisses d’une lame de fond

À l’heure actuelle, la validation des diamants par la blockchain est une avancée technologique encore récente. Seul un nombre limité de pierres sur le marché a été vérifié par la blockchain. “Nous sommes persuadés que ce stock va augmenter avec le temps. Cette technique de traçabilité sera bientôt inévitable, comme l’est désormais le numéro du certificat gravé sur chaque pierre. En attendant que ce procédé ne se généralise, nous avons choisi de le proposer déjà sur demande à nos clients.”

Un atout supplémentaire pour Beldiamond. La marque de joaillerie s’est toujours fixée comme mission de prendre le temps d’’informer correctement ses clients sur les différents types de diamants, de couleur et de pureté possibles. “Nous nous engageons à concevoir des bijoux de qualité à un prix juste et en toute transparence”, explique Philippe Lipschutz. Nous guidons personnellement nos clients dans leurs choix, afin qu’ils repartent avec le bijou parfait, reflet de leur histoire unique.”
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