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Bon, avec les événements des dernières semaines, j'ai pas eu beaucoup de temps pour écrire, par contre, j'ai quand même un peu lu. Voilà le menu du jour :


1. La fabuleuse histoire de la mouche dans le vestiaire des garçons par E. Lockhart, 2006.
Adolescentes (surtout) dès 14 ans environ.

Gretchen, 16 ans, est une jeune juive d'origine asiatique et passionnée de BD (Spiderman est son grand héros) et elle passe sa vie à (le) dessiner avec talent, ce qui explique sa présence à Ma-Ha, école d'art huppée de New-York. Timide, mal dans sa peau comme la majorité de ses condisciples, elle a en plus le handicap d'avoir une allure complètement banale au sein d'une école dans laquelle l'originalité et la différenciation sont des obligations. Etre artiste sans avoir l'air d'une artiste lui pèse, mais ce n'est rien à côté de l'annonce du divorce de ses parents, combinée aux cachotteries que lui fait son amie Katia, subitement indisponible tous les week ends.
Tout en ruminant de sombres pensées sur l'indifférence que lui témoigne Titus et la gent masculine en général, elle confie un jour à Katia : "Tu sais ce que je voudrais être ? Je voudrais être une mouche dans le vestiaire des garçons"
Bien entendu, lorsqu'elle se réveille le lendemain matin...
Huit jours dans sa nouvelle enveloppe corporelle minuscule, enfermée dans cette pièce tabou aux filles, que les garçons empruntent tous les jours de la semaine au début et à la fin de leur cours de sport, vont être infiniment plus révélateurs sur les garçons - et sur elle- que Gretchen ne l'aurait jamais imaginé !

Différents sujets sont abordés dans ce texte, probablement un peu bateau et facilement séducteur, mais on s'y laisse prendre quand même.
Il est très agréable à lire notamment parce que la langue est soignée. Les djeun's qui le liront seront séduits par l'évocation de nombreuses questions qui les taraudent dans ces vertes années. Le voyeurisme, l'homosexualité, le divorce, l'amitié, la compétition entre étudiants, l'intimidation, la violence, l'intolérance, l'amour, la sexualité... sont autant de thèmes traités parfois avec subtilité, parfois avec lourdeur, mais dans l'ensemble, l'ouvrage devrait faire écho sous le crâne de nos chères têtes blondes.
Le principe de la transformation pour observer sans être vu n'est pas nouveau et trouve une nouvelle jeunesse dans l'image de cette mouche, animal aussi éphémère que peu populaire (l'influence de Kafka est clairement assumée, on en parle d'ailleurs au début de l'histoire).
J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire, j'espère juste qu'il ne se démodera pas trop vite.


2. Magnus, de Sylvie Germain, 2005
Adultes.

Une vie entière à se reconstruire...voilà l'histoire de Magnus, Franz-Georg du nom que ses parents adoptifs lui ont donné avant de disparaître, rattrapés par les horreurs qu'ils ont commises quand le nazisme était au pouvoir. Adolescent et orphelin, Franz-Georg est confié à son oncle en Angleterre. Il décide de s'appeler Magnus, s'inspirant des lettres brodées sur son ourson en peluche, seul témoin restant des cinq premières années de sa vie. Victime d'une amnésie partielle, il n'en perçoit que d'infimes bribes, des flashes qui ne lui permettent pas de reconstituer ce qu'il a vécu avant d'être recueilli pas ses nazis de parents.
Adulte, il partira à la recherche de son père disparu pour tenter de démèler l'écheveau de mensonges qui a tissé le fil de sa vie et ainsi récupérer son identité véritable. Cette quête permettra à Magnus la rencontre successive des deux amours de sa vie. Elle ouvrira également d'autres questions, amènera de nouvelles souffrances, et finira tout de même par lui apporter une partie des réponses...

Il ne s'agit pas d'un roman dont on dévore les pages de bout en bout en une soirée au coin du feu. La lecture en est trop dense, le sujet trop grave, l'écriture trop stylisée pour l'avaler comme un vulgaire roman de gare.
On sent que ce texte a été pensé minutieusement, il a sans doute demandé de longs mois de réflexion puis de rédaction à son auteur.
D'un point de vue tout à fait subjectif, je dois dire qu'il ne fait pas vraiment partie de mes romans préférés. J'aime les textes qui me passionnent, qui me tiennent en haleine, qui me donnent envie de les dévorer jusqu'à la dernière page, et ce n'est certainement pas le cas de celui-ci. J'ai mis plus d'un mois à le lire, l'entrecoupant de nombreuses lectures annexes. C'est d'ailleurs une bonne formule d'étirer la lecture, puisque l'histoire se déroule sur une période très longue.
Ce livre a été très bien accueilli par la critique à sa sortie, et je comprends pourquoi : il est riche d'une profondeur peu courante, et traite d'un sujet assez rare, même si d'aucuns le qualifient trop simplement de roman initiatique ou de quête d'identité.
Tout en sachant que je ne le relirai pas, je constate que l'on n'est plus tout à fait le même après qu'avant. Se rendre compte de la chance que l'on a d'avoir un nom, un passé, une histoire, et un sentiment bien étrange. Et rien que pour cela, il vaut la peine d'être lu.
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