La Coalition for the New World of Work vient d’être scellée par la signature d’un accord de coopération. Par cette initiative, les membres fondateurs veulent induire progressivement un changement de mentalité en Belgique, pour adapter l’organisation du travail aux besoins et réalités du 21ème siècle, sur base de la confiance, de la collaboration, de l’autonomie et du résultat. Sur un marché de l’emploi où, d’ici 2020, pour chaque 10 employés qui quitteront la vie active il y aura seulement 6 nouvelle recrues, cette adaptation apparaît plus qu’urgente. Les membres fondateurs sont Euro Green Innovation Center, Flanders Synergy, Microsoft, Out Of Office, SDWorx, le SPF Sécurité Sociale, Telenet et USG People. Ensemble, ils ont décidé de relever le défi dans le cadre d’un accord de coopération de trois ans minimum.


Plusieurs des membres de cette alliance appliquent déjà depuis quelques années le principe du Nouveau Monde du Travail (NWOW) dans leur organisation et ne tarissent pas d’éloges quant aux avantages de cette approche innovante, tant pour les dirigeants que pour les travailleurs. Le NWOW repose sur 3 grands principes : les gens, le profit, la planète.

Les collaborateurs sont responsables de l’organisation de leur travail et disposent d’un maximum de souplesse pour exécuter leurs tâches selon leurs préférences et celles de leurs collègues. Chacun peut donc choisir où et quand il veut travailler. Cette approche nécessite impérativement que des objectifs et des tâches soient clairement définis pour chaque individu ; elle requiert aussi une évaluation périodique des résultats. Dans une telle ambiance, chacun donne le meilleur de lui-même en tirant au mieux parti de ses talents et profite d’un plus juste équilibre entre vie professionnelle et vie privée. L’organisation offre à ses collaborateurs un environnement et des outils technologiques qui lui permettent d’évoluer en s’inscrivant dans le cadre d’une collaboration horizontale toujours plus fructueuse entre les individus, les départements et les organisations. Des collaborateurs motivés, qui se sentent ‘impliqués’ et qui bénéficient d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, contribuent assurément à l’amélioration des résultats de l’entreprise. L’environnement bénéficie lui aussi du NWOW en raison d’une diminution du trafic aux heures de pointe à mesure que d’autres manières de travailler séduisent de plus en plus d’entreprises.

Le New World of Work n’est pas un fantasme, mais une nécessité pour des pays qui, comme la Belgique, veulent rester compétitifs. Notre pays occupe actuellement la 15ème place sur l’indice de la compétitivité mondiale et doit mobiliser toutes ses forces pour conserver sa place sur la scène de la concurrence mondiale. En raison du vieillissement de la population, chaque nouveau-venu sur le marché du travail sera compensé par un départ à la retraite en 2014. Ce sont donc les travailleurs qui choisiront où ils veulent travailler.

La Coalition for the New World of Work continuera à s’étendre au cours des prochains mois et à organiser toute une série d’activités. Elle stimulera le débat lors d’ateliers avec des organisations professionnelles, de tables rondes réunissant les parties intéressées et les opinion leaders, sans oublier des journées portes ouvertes chez les partenaires de l’alliance.

Mission

La Coalition for the New World of Work est un groupe d’organisations issues des secteurs d’activité les plus divers. Rassemblés sur l’initiative de Microsoft, ces organisations entendent promouvoir activement le Nouveau Mmonde du Travail dans le secteur privé et dans les institutions publiques et favoriser ainsi le changement de mentalité.

« L’idée du NWOW a été lancée pour la première fois par Bill Gates en 2005. Entre-temps, Microsoft Belgique travaille depuis plus de trois ans déjà dans un environnement NWOW », rappelle Philippe Rogge, General Manager Microsoft. « Nos équipes et nos collaborateurs reçoivent des objectifs individuels et s’organisent seuls pour atteindre le résultat escompté. Nous les aidons en effectuant très fréquemment des évaluations et en leur fournissant un accompagnement si nécessaire. Chez nous, personne n’a son propre poste de travail ou son propre bureau. L’espace de travail est devenu un vrai lieu de rencontre pour les collègues et les relations d’affaires. Nous travaillons depuis n’importe quel endroit, grâce à nos logiciels de collaboration et de communication. Coups de fil, vidéoconférences et collaboration se déroulent entièrement en ligne, via le PC. Grâce à ce NWOW, nous avons réduit de 25% le coût des bureaux… et nous avons gagné la reconnaissance du public : depuis deux ans, Microsoft est le Meilleur Employeur de l’année selon Vlerick. »

Ce que Microsoft applique dans le secteur privé, le SPF Sécurité sociale le fait depuis des années dans le secteur public. Tom Auwers, Directeur Général du SPF Sécurité sociale : « 69 % de nos collaborateurs travaillent chez eux jusqu’à 3 jours par semaine. Des évaluations continues démontrent que les résultats atteints sont supérieurs aux objectifs visés … et que nos collaborateurs aiment venir à Bruxelles deux jours par semaine ou plus pour rencontrer leurs collègues. C’est cette association d’avantages qui fait le succès de la formule. Nous avons constaté qu’il n’y a pas de recette universelle. Chaque organisation doit apprendre ce que signifie pour elle le Nouveau Monde du Travail et comment le mettre en œuvre avec le soutien de la direction. Avec les autres partenaires de la plateforme NWOW, nous voulons offrir aux entreprises belges les bons ingrédients, qui leur serviront de source d’inspiration; il leur appartiendra ensuite de concocter le meilleur plat pour leur organisation ! ».

Sur le terrain, le NWOW rencontre encore pas mal de résistance. Trop de managers dirigent leurs équipes selon le principe ‘command and control’. C’est la raison pour laquelle l’alliance entend aussi alimenter le débat avec des CEO belges, des partenaires sociaux et les pouvoirs publics quant à l’utilité de cette nouvelle façon de travailler et les aider à éliminer les obstacles qu’ils peuvent rencontrer.

Hans Joris, directeur général de SD Worx Belgique: « Le Nouveau Monde du Travail est un projet ambitieux. Il implique un parcours de changement radical, un choix stratégique qui n’est pas sans conséquences sur les processus RH et la culture d’entreprise notamment. Ce qui signifie qu’il faut d’abord s’aligner sur sa mission, sa vision et sa stratégie. Le ‘travail de demain’ ne se commande pas d’un claquement de doigt. C’est un processus long et continu, qui implique de nombreux intervenants. Nous sommes convaincus que la vision RH de SD Worx peut y contribuer de manière significative. La Coalition for the New World of Work nous offre la possibilité de façonner l’avenir du travail de manière créative et collaborative, avec des partenaires aguerris. »

« Cet exercice implique un engagement », précise Mieke Van Gramberen, directeur général de Flanders Synergy. « Nous allons nous concentrer sur cette question cruciale : est-il possible de parvenir à une croissance plus importante à partir d’emplois ‘actifs’ ? C’est-à-dire des emplois où les gens jouissent d’une grande autonomie et d’un haut niveau de responsabilité (on compte actuellement 22% d’emplois actifs en Belgique). Nous mesurerons aussi nos progrès au taux d’adoption de ‘contextes NWOW’ par les travailleurs – des cadres de travail où l’on peut choisir soi-même comment, où et quand travailler, tout en gardant à l’esprit les résultats à atteindre bien entendu. Le taux de participation des CEO du BEL 20, des PME, des partenaires sociaux et des collaborateurs à ce projet sera aussi pour nous un important critère de mesure de notre réussite. Nous avons encore pas mal de choses à découvrir, nous débutons un grand voyage pour lequel nous n’avons pas de carte précise en poche mais une boussole. Cette boussole nous oriente vers une vie plus longue pour les personnes qui avec beaucoup d’enthousiasme, travailleront n’ont pas plus dur mais plus longtemps et surtout plus intelligemment. »

Il est important que quelques entreprises - de tailles et de secteurs différents - donnent l’exemple à leur communauté locale, partagent leur expérience et entraînent d’autres organisations dans leur sillage. Il n’y a pas de solution miracle pour mettre en œuvre le Nouveau Monde du Travail. Chaque entreprise doit trouver sa voie.

Martine Tempels, Vice-President Telenet: « En tant que jeune entreprise dynamique, Telenet privilégie l’innovation tant sur le plan de la technologie que dans le domaine des ressources humaines. Le Nouveau Monde du Travail est pour nous la conséquence logique de l’évolution de la société. Nos collaborateurs jouissent d’un meilleur équilibre entre vie privée, vie professionnelle et mobilité. Le NWOW contribue bien sûr aussi à un meilleur environnement. L’ensemble s’inscrit donc parfaitement dans le cadre de notre politique d’entreprise socialement responsable. »


Anouk Van Oordt, Out of Office: ‘Le rêve que je poursuis avec passion et plaisir jour après jour est de veiller à ce que les collaborateurs qui travaillent chez mes clients reçoivent la confiance, la liberté et la responsabilité qu’ils méritent pour pouvoir réaliser leurs objectifs à leur façon, avec leur talent, dans un cadre stimulant et agréable. Travailler peut être très amusant, créatif et source d’inspiration pour autant que l’on sorte de cet univers de commandement et de contrôle où nous sommes tous pris au piège. »

Hubert Vanhoe, country director d’USG People souligne la nécessité d’un changement de mentalité: « Les dirigeants et managers d’aujourd’hui sont prisonniers du mode de pensée d’hier en ce qui concerne l’organisation du travail : c’est l’employeur qui décrit le mode de travail et c’est l’employé qui exécute. Peut-être faut-il aller jusqu’à changer les termes ‘employeur’ et ‘employé’ ! De plus en plus, nous évoluons vers des relations de collaboration où la qualité des résultats opérationnels dépendra de la manière dont les soi-disant ‘employés’ reçoivent et assument leur autonomie. »

Le NWOW se veut une plateforme permanente pour alimenter la réflexion et favoriser le progrès. Cette réflexion bénéficie aussi du soutien de la communauté, sous la forme de la Journée Nationale du Télétravail, le 8 décembre 2011. Il s’agira de la 2ème édition de cette journée organisée par quelques entreprises belges dont Microsoft et le SPF Sécurité sociale. Outre le télétravail, le travail à des postes partagés (‘co-working places’) est lui aussi de plus en plus en vogue.

Pierre Leclercq, directeur général d’Euro Green Innovation Center: « Suite à de nombreux constats liés à la problématique de la mobilité en Belgique (émissions de C02, heures perdues dans les transports, gaspillage de carburant,etc), Euro Green IT s’est impliqué dans un projet pilote d’espaces de travail mutualisés appelés ’Smart Work Centers’. Si le réseau a initialement vu le jour pour répondre à un problème de mobilité, nous avons très vite réalisé que les avantages étaient multiples : Réduction du stress, accroissement de la productivité et de la motivation, … Par exemple, la nouvelle génération des « digital natives » est plus exigeante lors des entretiens d’embauche : les employeurs les plus créatifs et innovants se différencient en offrant plus de flexibilité dans les horaires ou en offrant l’opportunité de télétravailler, avec le support de technologies avancées. »

Le but est d’ailleurs aussi que les partenaires forment une plateforme de crise pouvant intervenir à court terme en cas de « perturbations sociales » telles que tempêtes de neige, travaux d’infrastructure routière, ou indisponibilité des transports en commun. « Nous espérons ne jamais devoir intervenir mais au début des travaux du viaduc de Vilvorde, nous avons montré à quelle vitesse nous pouvions nous mobiliser avec l’action “Faites le pont” », conclut Philippe Rogge.